Les images des villes du Haut-Karabagh désertées après l'exode massif

Des routes désertes, des maisons vides et des commerces fermés pour de bon. Ces derniers jours, 120.000 habitants du Haut-Karabagh ont récupéré un maximum de leurs affaires pour fuir vers l'Arménie, par craintes de représailles venues de l'Azerbaïdjan.
Tous empruntent la même autoroute entre Kornidzor et Stepanakert, dans le district de Latchine, en Azerbaïdjan, où les réfugiés arméniens affluent jour et nuit du Haut-Karabagh.

Silence de plomb
Les images des lieux sont rares. Bakou a très fortement restreint l'accès aux journalistes dans la zone. Sur les clichés pris lundi à Stepanakert, on aperçoit une station-service, l'une des rares à encore fonctionner.
Les photographies montrent, partout ailleurs, une ville fantôme, éteinte et plombée par le silence. Sur la place principale, des chaises, cartons et effets personnels semblent avoir été abandonnés à la hâte.


Un journaliste du média Al Jazeera présent dans la ville de Khankendi souligne qu'il n'y reste "absolument plus personne" à l'exception de quelques personnes âgées ou handicapées.
Les animaux laissés derrière par les habitants ont repris les rues. Ils s'aventurent à la recherche de restes alimentaires abandonnés.
L'ONU sur place
Pendant trois décennies, les séparatistes arméniens ont contrôlé le Haut-Karabagh. Ils ont finalement capitulé la semaine dernière, après une offensive éclair de l'Azerbaïdjan pour reconquérir ce territoire enclavé.
Maintenant que le conflit est arrivé à son terme, reste la difficile question de la gestion des locaux. Si la quasi-totalité a décidé de fuir, l'Azerbaïdjan assure vouloir "réintégrer" les résidents à son territoire, et les invite à rester. Ce qui tranche avec le discours des autorités arméniennes, qui accusent l'ennemi de mener un "nettoyage ethnique".
Lundi, un bureau de "réintégration" a été ouvert à Stepanakert. Un convoi chargé d'eau et de matériel a également été acheminé par l'armée azerbaïdjanaise.
Dimanche matin, une mission de l'ONU est arrivée sur place avec pour principale mission d'évaluer les besoins humanitaires dans la zone. Il s'agit de la première fois en 30 ans que les représentants des Nations unies s'y rendent.
La France avait déploré que l'Azerbaïdjan n'ait consenti à la mission de l'ONU qu'après l'exode massif d'Arméniens.