Nagorny Karabakh : Turquie et Russie contrôleront l'application du cessez-le-feu

VIDÉO. L'Azerbaïdjan et l'Arménie ont signé dans la nuit, sous l'égide de la Russie, un accord de fin des hostilités dans le conflit du Haut-Karabakh.

Source AFP

Temps de lecture : 5 min

Le Premier ministre arménien Nikol Pashinyan a dit, lundi 9 novembre au soir, avoir signé un accord « douloureux » pour mettre fin aux combats au Nagorny Karabakh qui font rage depuis maintenant six semaines. Dans un communiqué posté dans la nuit de lundi à mardi sur sa page Facebook, il a indiqué : « J'ai signé une déclaration avec les présidents de Russie et d'Azerbaïdjan sur la fin de la guerre au Karabakh », qualifiant cette initiative « d'incroyablement douloureuse pour moi et pour notre peuple ». Le président russe a confirmé l'accord entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan de « cessez-le-feu total » des combats pour la région du Nagorny Karabakh en vigueur depuis 21 heures GMT lundi, quelques minutes plus tard. « Nous avons forcé (le Premier ministre arménien Nikol Pachinian, NDLR) à signer le document, cela revient à une capitulation », a dit pour sa part le président azerbaïdjanais Ilham Aliev à la télévision, « j'avais dit qu'on chasserait (les Arméniens) de nos terres comme des chiens, et nous l'avons fait ».

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« Le 9 novembre, le président de l'Azerbaïdjan (Ilham Aliev), le Premier ministre de l'Arménie (Nikol) Pachinian et le président de la Fédération de Russie ont signé une déclaration annonçant un cessez-le-feu total et la fin de toutes les actions militaires dans la zone du conflit du Nagorny Karabakh à partir de minuit le 10 novembre heure de Moscou », a dit Vladimir Poutine, selon une déclaration diffusée dans la nuit de lundi à mardi aux médias.

La Turquie contrôlera avec la Russie l'application du cessez-le-feu depuis un centre conjoint d'observation, a affirmé, mardi, la présidence turque à l'issue d'un entretien téléphonique entre Recep Tayyip Erdogan et Vladimir Poutine. Lors de cet entretien, Recep Tayyip Erdogan, dont le pays soutient l'Azerbaïdjan, a déclaré à Vladimir Poutine que « la Turquie aussi mènera des activités d'observation et de contrôle avec la Russie, au moyen d'un centre conjoint » et estimé que Moscou avait « à cet égard une grande responsabilité », selon la présidence turque. Ce centre sera établi dans un lieu choisi par l'Azerbaïdjan dans l'un des territoires récemment reconquis par Bakou, a ajouté la présidence dans un communiqué, sans fournir de précisions sur la date ou les moyens qui seront mis en œuvre.

Une foule en colère à Erevan

Arménie ©  KAREN MINASYAN / AFP
Des milliers d'Arméniens protestent contre le gouvernement. © KAREN MINASYAN / AFP
« Démission ! », « traître à la Nation » : l'annonce en pleine nuit par le Premier ministre arménien Nikol Pachinian consacrant la victoire militaire de l'Azerbaïdjan a été accueillie par des cris de rage et de dépit à Erevan. Des véhicules en trombe ont sillonné tout d'un coup les grandes avenues de la ville. Dans un concert de klaxons, les voitures se sont dirigées en direction du siège du gouvernement, sur l'immense place de la République entourée de ses imposants bâtiments de grès rose.

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Des groupes d'hommes en colère ont fait leur apparition dans les rues, marchant d'un pas vif en vociférant. « Nos soldats sont donc morts pour rien ! » Cris, insultes, invectives… le Premier ministre est la principale cible de toute cette hargne : « Pachinian démission ! » scandent des centaines d'émeutiers, rassemblés devant le siège du gouvernement, dont ils forcent peu après l'entrée. Des vitres sont brisées, un rideau arraché, un bureau dont le seul tort est d'être situé à proximité de l'entrée est saccagé, dossiers et plantes vertes sont jetés à terre. Les quelques policiers présents – de toute façon trop peu nombreux – ne sont pas intervenus.

« Qu'il nous explique pourquoi nos enfants sont morts ! »

Arménie ©  KAREN MINASYAN / AFP
Des manifestants sont entrés dans le Parlement. © KAREN MINASYAN / AFP
Le président du Parlement a été tabassé et blessé, selon des images diffusées sur les réseaux sociaux. Des bureaux de députés, porte grande ouverte et feuilles à même le sol, ont été manifestement visités ou fouillés. Pas d'armes apparentes, mais là aussi des têtes plutôt louches se baladent dans les couloirs. Des bagarres éclatent à la tribune, une députée d'opposition s'épuise à essayer de prendre la parole sous les huées. Rebelote pour un officier qui s'est emparé d'un mégaphone. « Ferme ta gueule ! » crache une voix dans l'assistance en surchauffe. Deux minutes avant, un illustre inconnu un peu trop bavard s'est fait virer à coups de poing et de jets de bouteilles.

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« Faites venir Pachinian, qu'il nous explique pourquoi sont morts nos enfants ! », « il faut déchirer l'accord de cessez-le-feu », « nos généraux doivent prendre le pouvoir », « Poutine viens nous aider ! »… À la tribune ou dans la foule qui se bouscule sur les bancs des députés, chacun tente son idée, sans succès, dans une atmosphère explosive et une foire d'empoigne augurant bien mal de la profonde crise politique qui vient de s'ouvrir en Arménie.

La France demande « un règlement politique durable »

Emmanuel Macron a demandé mardi, après l'accord de cessez-le-feu conclu lundi soir au Nagorny Karabakh, de travailler à un « règlement politique durable » qui « préserve les intérêts de l'Arménie » et « demande fermement à la Turquie de mettre fin à ses provocations » dans ce conflit, a indiqué l'Élysée. « Un travail devra être mené sans tarder pour définir les paramètres d'un règlement politique durable du conflit, qui puisse assurer le maintien dans de bonnes conditions des populations arméniennes au Haut-Karabakh et le retour des dizaines de milliers de personnes qui ont fui leurs habitations », souligne l'Élysée.

« Dans ce moment difficile, la France se tient au côté de l'Arménie » à laquelle elle renouvelle son « amitié historique », ajoute la présidence française, qui dit vouloir analyser les paramètres de l'accord de cessez-le-feu. Elle s'est néanmoins félicitée de l'arrêt des combats, estimant que « la priorité aujourd'hui va à l'arrêt durable des combats et au respect du cessez-le-feu qui a été décidé hier ». Une mission médicale a été envoyée sur place.

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Commentaires (14)

  • x@n

    Maintenant qu'Erdo a son accès direct au reste de l'Azerbaïjan ; il ne reste plus qu'a déstabiliser le nord de l'Iran avec sa très forte communauté azéris (entre 15 et 30 millions)... Histoire de continuer à jouer aux dominos. Là, cela va faire un gros morceau à avaler et certainement avec la bénédiction des USA... Je suis certain qu'il y a de brillants cerveaux qui travaillent déjà dessus. C'est le point faible de l'Iran et mieux qu'un affrontement directe...

  • petrio62

    L'Arménie faisait une demande d'aide internationale à la France, genre aide humanitaire, voire même un peu plus, nous pourrions y répondre favorablement, certes une façon déguisée d'em... Er un peu plus Erdogan qui fulmine déjà après E. Macron. Mais comme on peut pas être partout on abandonne le Mali, en emportant bien sûr absolument tout notre matériel (que l'on peut mettre à la disposition de l'Arménie). Je ne suis pas un va t en guerre mais je n'aime pas à avoir rougir de mon manque d'action. Que l'on soit athée ou croyant on ne peut laisser les turcs achever leur œuvre de 1915, ceci dans le droit fil de la philosophie du maitre d'Ankara, Poutine serait pas content, mais bon...

  • Kalbou

    L’Arménie n'était pas prête loin de la, et leur armée a été pulvérisée par "une force mécanique" (les drones), qui ont surpris leurs chefs.
    Problème, pas de vaste empire derrière, donc voila les carottes sont cuites