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KAREN MIRZOYAN POUR « LE MONDE »

« On a l’impression d’être en état de siège » : un an après la guerre, la vie bouleversée des habitants du Haut-Karabakh

Par  (Erevan, envoyée spéciale)
Publié le 25 septembre 2021 à 17h00

Temps de Lecture 8 min.

Achot Haroutiounian a hésité avant d’accepter de nous recevoir chez lui, parce qu’il s’y sent comme un étranger. Ce petit appartement dans la banlieue d’Erevan, la capitale arménienne, ces murs un peu décrépis, ces meubles qui ne lui appartiennent pas… Rien de tout cela ne ressemble à sa vie d’avant, quand cet Arménien de 54 ans vivait avec sa famille dans une grande et belle maison à Chouchi (Choucha en azéri), dans le Haut-Karabakh.

Sur le papier, il est toujours le directeur du musée historique de la ville, symbolique et considérée comme la Jérusalem de l’enclave disputée. Dans les faits, tout retour est impossible : Chouchi est passée aux mains de l’Azerbaïdjan après la défaite écrasante de l’Arménie dans la guerre qui a éclaté, il y a tout juste un an, dans le Haut-Karabakh, le 27 septembre 2020, faisant plus de 6 000 morts dans les deux camps. Le cessez-le-feu, signé le 9 novembre sous l’égide de Moscou, a également permis à Bakou de reprendre le contrôle des sept zones tampons entourant l’enclave séparatiste. Les Arméniens les avaient conquises trente ans plus tôt lors de la première guerre (1988-1994), chassant plus de 600 000 Azerbaïdjanais.

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Achot Haroutiounian, réfugié de la ville de Chouchi, dans son nouvel appartement à Erevan, en Arménie, le 22 septembre 2021.

Mémoire vivante de Chouchi, sa ville natale, Achot Haroutiounian est convaincu d’avoir été visé personnellement par le bombardement qui a détruit sa maison, en octobre 2020, puis par cet autre qui a fait éclater les vitres de sa voiture alors qu’il prenait la fuite. Donné pour mort, il est arrivé quelques jours plus tard à Erevan, sain et sauf. « Je représente un danger pour l’Azerbaïdjan parce que je connais par cœur l’histoire de Chouchi », assure-t-il, installé, avec sa femme et sa fille, sur son balcon avec vue sur le mont Ararat, symbole de l’Arménie. La veille, il a « failli avoir un infarctus » en découvrant, sur une vidéo, que le musée était « détruit » : « Les Azerbaïdjanais font prétendument des travaux de rénovation parce qu’une bombe est tombée dessus. Ils l’ont déjà renommé le “palais Mehmandarov” [fondateur de l’armée nationale d’Azerbaïdjan]. Cela fait très mal ».

Coupures d’eau

Ces derniers mois, la famille a envisagé de retourner vivre dans le Haut-Karabakh, avant de renoncer – temporairement – faute de logement disponible. « C’est le problème principal », affirme Guéram Stepanian, le défenseur des droits de la République autoproclamée. Le retour de 125 000 déplacés (sur les 150 000 habitants recensés officiellement avant la guerre) sur un territoire amputé des deux tiers a créé une pénurie, doublée d’une hausse brutale des loyers. A Stepanakert, la « capitale » du Haut-Karabakh, la population a bondi de 30 %. « De nombreuses familles se retrouvent à huit dans un studio de 10 m2, dans des conditions très précaires, poursuit M. Stepanian. Or, la construction de nouveaux hébergements prendra des années. »

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