C’est une première depuis la fin de la guerre dans le Haut-Karabakh il y a deux mois. Après plusieurs semaines de spéculation, le Kremlin a confirmé dimanche 10 janvier qu’une rencontre « à l’initiative de Vladimir Poutine » aura lieu lundi à Moscou entre le premier ministre arménien Nikol Pachinian et le président azerbaïdjanais Ilham Aliyev.

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Ces négociations trilatérales interviennent à un moment où les tensions, loin d’être retombées, demeurent vives entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan. Elles porteront en premier lieu sur la mise en œuvre de la déclaration commune des trois dirigeants qui avait mis un terme à la guerre le 9 novembre 2020. Préalable à de plus amples négociations, elle actait la victoire de l’Azerbaïdjan sur les forces de l’Arménie et de la République d’Artsakh [entité politique arménienne non reconnue du Haut-Karabakh] au terme de 44 jours de combat.

Cet accord en neuf points encadrait, outre la cessation des combats, la rétrocession par l’Arménie d’un certain nombre de régions, le déploiement d’un contingent russe de maintien de la paix, l’échange des corps et des prisonniers, et le retour des réfugiés. Dans son communiqué, la présidence russe annonce qu’une « attention particulière » sera accordée à l’assistance aux zones touchées par les hostilités, mais aussi au déblocage et au développement des transports et des liaisons économiques dans la région.

Statu quo

Cette dernière question, objet du neuvième point de l’accord de novembre, promet de susciter de vifs débats. La construction d’un corridor terrestre pour relier la région azerbaïdjanaise du Nakhitchevan au reste de l’Azerbaïdjan, via le sud de l’Arménie, inquiète tout particulièrement Erevan, qui craint de perdre le contrôle de la zone concernée.

Les négociations auront aussi pour but d’approfondir le cadre posé par la déclaration du 9 novembre, dont les lacunes ont été soulignées par de nombreux observateurs. Grande absente, la question du statut du Haut-Karabakh, région peuplée majoritairement d’Arméniens, mais reconnue par la communauté internationale comme faisant partie de l’Azerbaïdjan, demeure la condition sine qua non d’une résolution pacifique du conflit.

Elle risque néanmoins d’échapper à un accord, les participants n’ayant que peu d’intérêt immédiat à sortir du statu quo. Enfin, le Kremlin précise que des rencontres séparées entre Vladimir Poutine avec chacun des deux dirigeants sont envisagées. Un dispositif qui permet au président russe de mettre à nouveau en scène son rôle capital dans la résolution de ce conflit.