HAUT-KARABAKH - À Stepanakert, première ville du Haut-Karabakh, ils étaient des milliers ce dimanche 25 décembre pour protester. Cela fait maintenant plus de deux semaines que cette enclave peuplée d’Arméniens est coupée du monde par l’Azerbaïdjan ce qui bloque le corridor de Latchine, unique route permettant l’approvisionnement du Haut-Karabakh depuis l’Arménie.
La raison de cette offensive : des Azéris qui se présentent comme militants écologistes dénoncent l’exploitation prétendue illégale de minerais par l’Arménie dans la région. Everan a fermement réfuté ces protestations et accuse Bakou d’être à l’origine d’une « crise humanitaire ». Ce qu’a évidemment nié l’Azerbaïdjan assurant qu’il est encore possible de circuler sur le corridor.
Des conséquences humanitaires et sanitaires
120 000 Arméniens sont aujourd’hui coupés du monde. L’Azerbaïdjan, qui a la mainmise sur le Haut-Karabakh depuis le cessez-le-feu de novembre 2020, a bloqué pendant trois jours l’approvisionnement en gaz dans la région causant notamment la fermeture temporaire des écoles.
Et même si le gaz a été rétabli, le blocus inquiète toujours. Sur le plan sanitaire par exemple, la prise en charge des malades se complique. Le transfert de patients nécessitant des soins plus importants du Haut-Karabakh vers Erevan est désormais presque impossible. Et faute d’être déplacés rapidement, beaucoup de malades se retrouvent en grave danger.
Lors de ce rassemblement dimanche 25 décembre, devant plusieurs milliers de manifestants, Mary Assatrian, du cabinet du chargé des droits de l’homme local, a appelé (en français) la communauté internationale « à agir maintenant » auprès de Bakou, « en ce jour saint de Noël », pour exiger la levée « de ce blocus total ». « Pendant 14 jours, aucun aliment, médicament, carburant ou autre produit vital n’a été autorisé à entrer » dans le Haut-Karabakh, affirme-t-elle.
Un conflit de plus dans une guerre sans fin
Il s’agit d’une nouvelle étape dans un conflit sans fin entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan. Cela fait effectivement des décennies que les deux pays se disputent la région du Haut-Karabakh, majoritairement peuplée d’Arméniens. En 2020, la victoire de Bakou avait permis à l’Azerbaïdjan de prendre le contrôle du Haut-Karabakh avec toutefois un maintien de la paix russe dans la région.
Mais depuis qu’elle a déclenché la guerre en Ukraine, la Russie est bien trop accaparée par son offensive, ce qui fragilise le maintien de la paix. Par conséquent, d’autres pays comme la France ou les États-Unis ont tenté de relancer un processus de paix entre les deux pays. Vendredi 23 décembre, Emmanuel Macron avait appelé son homologue azerbaïdjanais afin de permettre la « libre circulation » entre l’enclave séparatiste et l’Arménie. Mais cela reste pour le moment sans réussite.
Si ce blocus persiste, c’est l’exode des Arméniens dans le Haut-Karabakh qui pourrait se produire. Un soulagement sans doute pour l’Azerbaïdjan rapporte à France 24, Claire Mouradian, historienne spécialiste de l’Arménie au CNRS : L’Azerbaïdjan « fait des coups de pression pour encercler la région et essayer d’éliminer la présence arménienne au Haut-Karabakh afin de terroriser les habitants et de les faire fuir ».
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