Torture absolue : Le rapport de l'Ombudsman révèle comment les Arméniens capturés sont traités à Bakou

Société
09.09.2021

Le défenseur arménien des droits de l'homme Arman Tatoyan et l'avocat représentant les intérêts des prisonniers arméniens à la Cour européenne des droits de l'homme Siranush Sahakyan ont soumis un rapport extraordinaire en anglais, contenant de nombreuses preuves du traitement inhumain des prisonniers par les autorités azerbaïdjanaises. Le document est basé sur des méthodes et des principes reconnus au niveau international, ce qui garantit un haut niveau de crédibilité.

L'ombudsman a souligné que les faits reflétés dans le rapport sur les prisonniers avaient été vérifiés avec l'aide de diverses sources. Des preuves crédibles montrent que les prisonniers de guerre et les civils détenus ont été systématiquement soumis à la torture et à l'humiliation, à des pressions physiques et mentales. La collecte des faits a également révélé que les officiers militaires, les gardiens de prison ou les agents de la force publique azerbaïdjanais qui avaient fait preuve de la moindre indulgence à l'égard des prisonniers arméniens avaient ensuite été sanctionnés pour cela.

« Dans de nombreux cas, les gens se sont vus refuser de la nourriture et de l'eau pendant de longues périodes, et plus tard, si on leur en donnait, c'était après des humiliations et des passages à tabac. Il y a eu des cas où la nourriture a été jetée par terre, dans une poubelle, obligeant les gens à la prendre et à la manger », dit Tatoyan.

Il existe également des preuves de formes de torture plus sophistiquées : un prisonnier recevait de la nourriture, qu'il devait manger en 10 secondes, puis on lui enlevait tout. En outre, les prisonniers n'avaient pas accès aux soins médicaux, ils étaient constamment battus, mutilés et blessés, et par temps froid, on leur attachait les mains et on les obligeait à dormir sur le sol gelé, on leur versait de l'eau froide, etc.

L'un des épisodes du rapport concerne les événements d'octobre 2020 à Kovsakan (Zangelan). C'est là que se sont déroulés de violents combats au cours de la guerre de l'année dernière, avant d'être abandonné par les forces arméniennes. Tatoyan note que le 20 octobre, un groupe militaire arménien de 61 membres arrivant à Kovsakan en provenance de Kapan a affronté des unités des gardes-frontières azerbaïdjanais. En conséquence, certains des militaires arméniens ont été tués et capturés. Selon l'ombudsman, les Azerbaïdjanais se sont moqués des corps des soldats arméniens, leur coupant les oreilles, les attachant à des véhicules blindés, etc. De nombreux participants à cet acte de moquerie ont été identifiés, le rapport contient des séquences pertinentes.

Selon Tatoyan, une attitude plus ou moins normale à l'égard des captifs n'a été manifestée qu'avant la visite des représentants des forces de maintien de la paix russes ou de la Croix-Rouge. Les prisonniers ont été informés à l'avance et soigneusement préparés à les rencontrer.

Le rapport montre de nombreux cas où des prisonniers ont été battus et torturés afin d'obtenir les informations souhaitées par la partie azerbaïdjanaise, et où les prisonniers ont été contraints de témoigner contre eux-mêmes. Par exemple, un Arménien a été contraint d'"avouer" qu'il avait fait exploser une grenade lors d'un mariage azerbaïdjanais à Kovsakan (Zangelan), ce qui aurait entraîné la mort de 50 Azerbaïdjanais. Les participants à la première guerre du Haut-Karabakh ou à celle d'avril 2016 ont été particulièrement maltraités.

Selon les données officielles arméniennes, le nombre de prisonniers détenus en Azerbaïdjan s'élève actuellement à 60. Les militants des droits de l'homme, quant à eux, estiment que le nombre réel de prisonniers détenus à Bakou pourrait être plus élevé.