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L’écrivain d’origine russe Andreï Makine entre à l’Académie française

L’écrivain d’origine russe, qui succède à Assia Djebar, a été élu, jeudi 3 mars, dès le premier tour.

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Publié le 03 mars 2016 à 18h33, modifié le 07 mars 2016 à 11h49

Temps de Lecture 3 min.

L'écrivain Andreï Makine pose sur le plateau de l'émission

Andreï Makine, immortel. L’écrivain a été élu à l’Académie française, jeudi 3 mars, dès le premier tour, par 15 voix sur 26 votants. Il succède à Assia Djebar, morte en 2015, au fauteuil n° 5. C’est un amoureux fou de la langue française qui fera son entrée sous la Coupole, lui qui, né en Russie, à Krasnoïarsk (Sibérie), en 1957, a été naturalisé français en 1996. Le français est la langue de sa grand-mère, Charlotte, qui la lui apprend, et lui transmet l’amour d’un pays et d’une littérature à laquelle il consacrera sa thèse, effectuée à l’université de Moscou.

« J’ai rêvé trop longtemps de la France pour ne pas en avoir une vision littéraire », expliquera celui qui, arrivé clandestinement à Paris en 1987, découvrira « l’inévitable syndrôme qui frappe tout étranger épris de la France : pays rêvé, pays présent ». Il s’installe dans le quartier de Belleville, vivote en donnant des cours sur la stylistique et la littérature russe à Normale sup et Sciences po, rédige une thèse sur Ivan Bounine à la Sorbonne.

« Le désespoir permanent »

Il écrit aussi, mais ne reçoit que des lettres de refus. « C’étaient les années folles, le désespoir permanent », expliquera-t-il au Monde en 1995. Poursuivant : « J’ai tout fait, tout, pour être publié. Je me suis appelé de tous les noms, j’ai changé plusieurs fois les titres, les premières pages, et j’essayais encore, je renvoyais mes textes. » Il finira par parvenir à ses fins en écrivant « traduit du russe par Albert Lemonnier » (nom de famille de ses arrières-grands-parents français) sur la couverture de La Fille d’un héros de l’union soviétique, que Robert Laffont publie en 1990. Deux ans plus tard, il recourt au même subterfuge pour La Confession d’un porte-drapeau déchu (Belfond).

Il révèle le stratagème dans Le Testament français, son quatrième roman (Mercure de France, 1995), somptueuse déclaration d’amour à un pays et une langue récompensée par les prix Goncourt et Médicis et vendue à 1 million d’exemplaires. Le public s’enthousiasme pour le livre autant que pour cet écrivain barbu comme un auteur russe se doit de l’être selon l’imagerie populaire, exilé, solitaire (il s’est construit une cabane dans la forêt des Landes), propulsé sur le devant de la scène littéraire après des années passées à accumuler les lettres de refus d’éditeur.

Contre « le petit roman à la française »

L’exil, les purges, les camps staliniens hantent son œuvre qu’il continue de construire dans un français à la facture résolument classique – Le Crime d’Olga Arbélina, 1998, Requiem pour l’Est, 2000, La Musique d’une vie, 2000, La Femme qui attendait, 2004, Le Livre bref des amours éternelles, 2011, Une femme aimée, 2013… Il écrit également quatre livres sous le nom de Gabriel Osmonde (Le Voyage d’une femme qui n’avait plus peur de vieillir ; Les 20 000 femmes de la vie d’un homme, L’Œuvre de l’amour et Alternaissance) ; en 2011, il reconnaît avoir eu recours à ce pseudonyme.

Avec les années, son amour de la France se teinte d’une inquiétude pour ce qu’il pense qu’elle devient, et sa littérature avec elle : en 2006, il publie ainsi Cette France qu’on oublie d’aimer. Trois ans plus tard, dans La Vie d’un homme inconnu (Seuil), son personnage dit sa détestation des « écrivains larbins qui flattent l’égo des bofs et des bobos », et du « petit roman à la française, cent pages de coucheries et de déprimes parisiennes ».

La reconnaissance dont jouit son œuvre faisait d’Andreï Makine le candidat le plus sérieux pour succéder à Assia Djebar. Début février, lorsqu’il a annoncé sa candidature, Frédéric Mitterrand et Jean-Claude Perrier avaient retiré la leur.

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