Turquie. Malgré les tensions, l’Europe ne peut décidément rien refuser à Ankara...

Le chef de la diplomatie turque est à Bruxelles pour normaliser les relations avec l’Europe. Le dossier des « réfugiés » ouvre toutes les portes.

L’Élysée s’en serait sans doute bien passé mais l’aubaine était trop belle pour la Turquie. La tension entre Emmanuel Macron et Recep Tayyip Erdogan, après qu’ils se soient traités de tous les noms d’oiseaux au cours de l’année 2020, avec un pic durant l’été, est retombée comme un soufflé. Le président turc a envoyé ses vœux à son homologue français, qui aurait sauté sur l’occasion pour reprendre les relations. Macron aurait même envoyé un « cher Tayyip » en turc dans « une lettre très positive » où il dit  « vouloir s’entretenir avec notre président », a révélé le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlüt Cavusoglu.

Peu importe…

Le signal donné par le président français est clair et reçu comme il se doit par la Turquie : Bruxelles a besoin d’Ankara. Peu importe l’invasion du nord de la Syrie et l’installation de milices islamistes, peu importe la répression contre les Kurdes en Syrie, en Turquie et en Irak, peu importe la violation de l’embargo sur les armes en Libye, peu importe les forages en Méditerranée orientale et les tensions avec la Grèce et Chypre ou encore les dangereux incidents avec la flotte française. Et peu importe l’aide en armements et en troupes (encore des supplétifs islamistes venus de Syrie) apportée à l’Azerbaïdjan contre l’Arménie et la République d’Artsakh, au Haut-Karabakh.

Une arme diplomatique redoutable

Ce jeudi, Mevlüt Cavusoglu était à Bruxelles pour y rencontrer le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, et vendredi le président du Conseil européen, Charles Michel, et le secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg. La Turquie veut discuter du renouvellement du pacte migratoire conclu avec l’Union européenne. Une arme diplomatique redoutable puisque Ankara retient sur son sol près de 4 millions de réfugiés dont une hypothétique déferlante hante les nuits des dirigeants européens. Et les appointements du gardien turc sont élevés. De même, l’Otan ne saurait perdre ce membre VIP alors que la Russie et la Chine sonnent à la porte. Le ministre luxembourgeois des Affaires étrangères, Jean Asselborn, peut bien dire que « personne n’a l’intention de passer l’éponge », c’est pourtant bien ce qui semble se passer. P. B.

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