Pas moins de 38,4 milliards de dollars, c’est le montant des pertes et dommages “subis par le peuple arménien en raison de la politique du Premier ministre Nikol Pachinian”, coupable perdant de la deuxième guerre dans le Haut-Karabakh (27 septembre-9 novembre 2021), rapporte le journal arménien en ligne Verelq.

4 500 morts et disparus, 13 000 handicapés

Mesrop Manoukian, économiste et membre du Conseil d’administration de la Fondation assurance des militaires, détaille : les quarante-quatre jours de combats ont causé la mort ou la disparition de 4 500 personnes et en ont rendu 13 000 autres handicapées. “La vie d’un citoyen coûte 3,1 millions de dollars, selon le Conseil de l’Europe, explique-t-il, nous obtenons donc 7 milliards de dollars en pertes humaines.”

S’y ajoutent les 150 millions de dollars investis par le fond panarménien Aïastan au fil des années sur les territoires passés sous le contrôle de l’Azerbaïdjan en vertu de l’accord de cessez-le-feu du 10 novembre dernier.

Les pertes causées au système de défense du pays sont estimées à 2 milliards, celles liées à la cession du gisement d’or Sotk à Bakou s’élèvent à 8 milliards. Dix des quinze gisements de métaux récupérés par Bakou rapportaient 1 milliard de dollars aux Arméniens.

Le système bancaire du Haut-Karabakh enregistre une perte de 1 milliard de dollars. Par ailleurs, le contribuable arménien devra assumer la somme de 1,2 milliard de dollars due à la Fondation assurance des militaires, qui doit verser les soldes aux soldats et à leurs familles.

La valeur des centrales hydroélectriques abandonnées aux Azerbaïdjanais est de 600 millions de dollars, “sans compter la perte de l’électricité bon marché [qu’elles fournissaient] aux habitants”. Les pertes dans les infrastructures (eau, gaz, électricité, irrigation, routes) s’élèvent à 2 milliards.

Des pertes territoriales “inestimables”

“Chaque année, l’Artsakh [nom arménien du Haut-Karabakh] récoltait 150 000 tonnes de céréales, élément clé de la sécurité alimentaire”, poursuit Manoukian. “Les meilleurs fruits et légumes” arrivaient en Arménie du Karabakh (dont le nom, d’origine persane, signifie “jardin noir”), pour un montant total de 300 millions. Tout cela est perdu, car l’Azerbaïdjan a récupéré 95 000 hectares de terres arables. Enfin, l’élevage rapportait aux Karabakhtsis 3 milliards de dollars par an. S’y ajoutent les revenus perdus de l’usine viticole Kataro et le producteur de tabac Masis Tobacco : 100 millions.

“Le dommage moral causé à la population peut être estimé à 3 milliards, les dommages causés à l’environnement – forêts, ressources aquatiques et habitations –, à 7 milliards”, estime encore l’expert. Quant aux pertes territoriales du Haut-Karabakh, dont les Arméniens ont dû abandonner les deux tiers, et qui comprennent des monuments historiques, “elles sont inestimables”, conclut Manoukian.