De plus en plus de personnes en Azerbaïdjan veulent apprendre la langue arménienne”, rapporte le site Eurasia DailyUn phénomène pour le moins étonnant, un an après la deuxième guerre du Karabakh, remportée par l’alliance turco-azerbaïdjanaise face à l’Arménie. Gousseïn Askerov, professeur à l’Université d’État des langues, auteur de nombreux manuels d’arménien, avoue “qu’il n’a plus ni le temps ni l’énergie pour inscrire tous les candidats souhaitant apprendre l’arménien”. Il dit travailler “tard le soir, après les cours”, pour s’occuper des inscriptions.

Né en Arménie et maîtrisant parfaitement l’arménien, Askerov finalise un dictionnaire arméno-azerbaïdjanais. Il enseigne également l’arménien à l’Université d’État de science économique, qui a inauguré récemment un cursus d’arménien. “Actuellement, je leur apprends le b.a.-ba, l’alphabet, la grammaire, mais à l’avenir, nous envisageons de proposer un cursus pour un niveau plus élevé, pour apprendre l’arménien parlé”, explique Askerov.

L’explication de cet intérêt est pragmatique, selon le professeur : “[L’Azerbaïdjan] a besoin de ce type de spécialistes.” Parmi ses élèves figurent les étudiants pour qui les cours sont gratuits, mais aussi et surtout des collaborateurs du Service de sécurité nationale, du ministère des Affaires étrangères, ainsi que des douaniers et des journalistes. Ce public paie entre 60 et 120 manats par mois (30 et 60 euros). Entre 30 et 40 étudiants obtiennent chaque année un diplôme d’arménien, “dont la moitié trouve du travail dans les médias plurilingues avec une déclinaison arménienne”, mais aussi “au sein de l’armée azerbaïdjanaise”.

“Langue pour langue”

Le tiers du Haut-Karabakh resté aux mains des Arméniens après la guerre, a répliqué en inaugurant, en octobre, “un premier centre d’azerbaïdjanologie à l’Université d’État d’Artsakh [nom arménien du Karabakh], à Stepanakert [capitale du Haut-Karabakh]”, comme le rapporte Eurasia Daily dans un autre article intitulé “Langue pour langue.

Cette année, une douzaine d’Arméniens karabakhtsis pourront suivre gratuitement les cours d’azerbaïdjanais. L’objectif est de “préparer des personnes à maîtriser cette langue, pour être compétentes et pour comprendre les enjeux et les intérêts nationaux. Et aussi des spécialistes qui contribueront à la lutte face aux menaces informationnelles et à la communication déployées par l’Azerbaïdjan et la Turquie”.

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