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A Choucha, cité meurtrie du Haut-Karabakh, les forces azerbaïdjanaises sous contrôle russe

L’armée de Bakou a repris, en novembre, cette forteresse naturelle perchée à 1 500 mètres d’altitude, mais dépend des soldats russes de maintien de la paix pour être ravitaillée alors que la ville, bombardée par les deux camps, manque de tout.

Par  (Choucha, Azerbaïdjan, envoyé spécial)

Publié le 29 décembre 2020 à 11h40, modifié le 30 décembre 2020 à 05h42

Temps de Lecture 7 min.

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Des soldats russes de maintien de la paix montent la garde, le 14 décembre, à l’entrée de la ville de Choucha, (Haut-Karabakh), reprise le 8 novembre.

« Mais que font ces crétins ! », jure le soldat azerbaïdjanais au volant. Devant lui, un véhicule blindé des forces de maintien de la paix russes tente un virage serré pour sortir de sa base et franchir un poste de contrôle russe barrant le corridor de Latchine au niveau de la ville de Choucha, reprise aux Arméniens (qui l’appellent Chouchi) le 8 novembre. Deux 4 x 4, dans lesquels se trouvent le commandant Ershad, chef de l’administration de Choucha, et le colonel Mammedov, chef militaire du district, sont bloqués depuis déjà dix minutes par un jeune soldat russe fier de son autorité.

Des dizaines de véhicules civils arméniens sont passées sans problème sous leur nez. Parfois des cris en arménien, probablement peu aimables, retentissent à travers les fenêtres spécialement abaissées (il fait − 10 °C). Les militaires azerbaïdjanais n’y prêtent pas attention. Le commandant Ershad sort pour parlementer avec le soldat russe casqué et masqué, si bien qu’on ne voit que ses yeux. Excédé, le commandant finit par regagner son véhicule.

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Le blindé noir s’extirpe enfin de sa base et barre complètement la route. On aperçoit alors, sur son toit, des chaises, des tables et du mobilier divers. L’énervement des officiers azerbaïdjanais laisse place à une hilarité, qui redouble lorsqu’un militaire russe pousse une bordée de jurons (intelligibles dans toute l’ex-URSS), frustré par l’incapacité de ses jeunes subordonnés à fixer au blindé une cuisine de campagne montée sur remorque. L’attelage cocasse s’ébroue enfin, pour gagner sa destination finale, 150 mètres plus loin, vers une autre base russe.

Un seul axe routier

« Les Russes nous compliquent l’existence, euphémise le colonel Mammedov, qui porte un uniforme du DTX, la sécurité d’Etat. Nous sommes soumis à leur bon vouloir pour le ravitaillement de Choucha. Mais c’est temporaire. » Point d’avancée maximal de l’armée azerbaïdjanaise à l’intérieur du Haut-Karabakh au moment du cessez-le-feu signé le 9 novembre, Choucha est une forteresse naturelle perchée sur un haut plateau, à 1 500 mètres d’altitude. Une ville symbole et l’objectif minimal du régime azerbaïdjanais dans sa reconquête du Karabakh, occupé par les forces arméniennes depuis 1994. Depuis la fin du conflit, Le Monde fut le premier média étranger à y pénétrer, samedi 26 décembre.

Choucha n’est desservie que par un seul axe routier placé sous l’autorité des forces d’interposition russes. Pour les Arméniens du Haut-Karabakh, c’est aussi le cordon ombilical reliant l’enclave à l’Arménie. Affrontant des conditions climatiques extrêmes et un relief montagneux, l’Azerbaïdjan construit une nouvelle route à travers le cône de territoire reconquis pendant les quarante-quatre jours de combats.

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