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Le 21 décembre 2020. Ville de Kelbajar, Cette zone appartenait aux arméniens il y a peu. Avant de partir, ils ont parfois brûlé leurs maisons et récupéré les toits. Des soldats azerbaïdjanais ont installé une base militaire. Hormis les soldats, c'est une ville fantôme.
LAURENCE GEAI POUR « LE MONDE »

Au Kelbajar, Bakou se bat contre les montagnes

Par  (Kelbajar [Azerbaïdjan], envoyé spécial)
Publié le 25 décembre 2020 à 06h30, modifié le 25 décembre 2020 à 16h39

Temps de Lecture 6 min.

Le bulldozer crache une longue colonne de fumée noire. Il s’ébroue quelques instants, puis cale de nouveau, barrant la piste descendant du col Omar, situé à 3 300 m d’altitude. Cette fois, la dizaine de militaires azerbaïdjanais s’affairant sur l’énorme engin jettent l’éponge. Le major Eïnoullaev ordonne aux camions bloqués de chaque côté de l’obstacle de faire demi-tour. Plus rien ne passera ce jour, et peut-être les suivants, sur l’unique route reliant l’Azerbaïdjan avec le Kelbajar, l’un des sept districts du Karabakh reconquis aux dépens de l’Arménie au terme de quarante-quatre jours de combats. Dans ce district dépeuplé et contrôlé exclusivement par l’armée azerbaïdjanaise depuis le retrait complet des forces arméniennes le 25 novembre, on se fraye un passage difficile.

Sur la route de Kelbajar, à 3 300 mètres d’altitude, le 21 décembre.

Chaque jour, un ballet de camions militaires Kamaz à six roues motrices transportent vivres, matériaux de construction et militaires vers le Kelbajar sur la « route du Mourovdag » du nom d’une chaîne culminant à 3 724 mètres et séparant la vallée de la Koura au nord, et le Karabakh au sud. Une piste de montagne caillouteuse et escarpée, longue de 50 km, qui fut bloquée pendant vingt-sept ans au niveau du col par la ligne de défense arménienne du Haut-Karabakh. Dans cette zone battue par les vents, les abords de la piste sont minés et les fréquentes chutes de neige achèvent de recouvrir les épaves de blindés détruits. Les conditions hivernales interdisent la piste aux 4 × 4, incapables de grimper, et surtout de descendre, sans danger, les pentes verglacées. Même les camions 6 × 6 aux pneus chaînés patinent et risquent à chaque lacet des sorties de route mortelles sur cette piste, vulnérable en outre aux avalanches et aux chutes de rochers.

Sur la route de Kelbajar, à 3 300 mètres d’altitude, le 21 décembre.

Bakou n’a pas d’autre option pour ravitailler le Kelbajar, une région sauvage, naturellement enclavée par de hautes montagnes et dont l’isolement est encore accentué par la situation politique. La seule autre route existante est un axe est-ouest traversant la zone, connue comme la « route Vardenis-Agdere ». Mais elle est bloquée à l’ouest par la frontière avec l’Arménie et à l’est par les forces russes de maintien de la paix protégeant les Arméniens du Haut-Karabakh. C’est la seule route asphaltée du district.

« Ils n’ont rien construit, rien »

« La situation va s’arranger au printemps », croit Vougar Mamedov, 46 ans, un fonctionnaire de Ganja, de retour pour la première fois au Kelbajar après en avoir été chassé avec sa famille par l’invasion arménienne il y a vingt-sept ans. « Les Russes vont rouvrir la route d’Agdere [vers Bakou] parce que c’est stipulé dans la déclaration de cessez-le-feu ». M. Mamedov brûle d’impatience de revoir sa maison d’enfance. Il se doute qu’elle est probablement en très mauvais état, et réfléchit déjà à sa reconstruction. « Evidemment, je dois attendre que la route d’Agdere soit libre, parce qu’il est impossible d’acheminer des matériaux de construction à travers le Mourovdag ».

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