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Biden et Poutine tentent de déminer la relation entre leurs deux pays

Le président américain et son homologue russe ont tenu un sommet très attendu à Genève ce mercredi. Il s'agissait d'empêcher l'escalade dans les dossiers de contentieux et d'avancer sur les sujets d'intérêts communs, notamment le désarmement nucléaire. Les ambassadeurs des deux pays, rappelés pour consultation, vont retourner à leur poste. Consultations en vue sur la cybersécurité.

Le président américain, Joe Biden, et son homologue russe, Vladimir Putin, se sont serré la main ce mercredi à Genève, geste devenu rare par ces temps de Covid.
Le président américain, Joe Biden, et son homologue russe, Vladimir Putin, se sont serré la main ce mercredi à Genève, geste devenu rare par ces temps de Covid. (Denis Balibouse/Pool/REUTERS)

Par Yves Bourdillon

Publié le 16 juin 2021 à 19:15Mis à jour le 17 juin 2021 à 12:35

« Il est toujours mieux de se rencontrer en tête-à-tête », « j'espère que notre réunion sera productive ». Le président des Etats-Unis, Joe Biden et son homologue russe, Vladimir Poutine, ont échangé des mots sans doute convenus mais du moins courtois au début de leur sommet de ce mercredi à Genève, alors que les relations entre les deux pays sont les plus mauvaises depuis longtemps. Ils se sont aussi serré la main, geste devenu rare par temps de Covid, à l'ouverture de ce sommet que tous deux ont qualifié de « pragmatique ».

Leur première rencontre en tant que président (ils se sont déjà vus en 2011) des deux principales puissances nucléaires de la planète a duré un peu moins de quatre heures dans la villa Lagrange , élégante bâtisse du XVIIIe siècle bordant le lac Léman. Les deux présidents devaient lister les rares terrains d'entente, et convenir de moyens d'empêcher une escalade dans leurs nombreux sujets de contentieux. Ils ont décidé que l'ambassadeur de Russie aux Etats-Unis et son homologue américain en Russie retourneraient très rapidement à leur poste, alors qu'ils avaient été rappelés pour consultations, démarche rare, en mars, après que Joe Biden a qualifié Vladimir Poutine de « tueur ».

Le président américain a souligné qu'une grande partie des discussions avait été consacrée au contrôle des armes et aux attaques informatiques et a indiqué avoir fait part à son homologue russe du besoin « de règles basiques » à respecter. Les deux dirigeants ont donc convenu de reprendre les discussions sur une réduction de leurs arsenaux nucléaires, surdimensionnés par rapport à leur mission de dissuasion, un dossier sur lequel les analystes s'accordent à considérer que les intérêts des deux pays convergent. L'objectif est un renouvellement du traité New Start, qui a été prolongé de cinq ans à quelques jours de son expiration, en février dernier.

Lister les lignes rouges

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Le sommet a commencé par une discussion de deux heures en format restreint, avec les deux présidents et leurs seuls ministres des Affaires étrangères, Antony Blinken et Sergueï Lavrov, puis une séance élargie à une poignée de collaborateurs supplémentaires. « Il s'agit de déterminer nos intérêts communs et, là où nous n'en avons pas, établir un chemin clair et prévisible », a résumé le président américain, qui avait promis de dire à Vladimir Poutine quelles sont « ses lignes rouges ». Vladimir Poutine lui a aussi détaillé ses propres lignes rouges, Syrie, Biélorussie et Ukraine. A ce sujet, Vladimir Poutine a accusé Kiev de ne pas respecter le volet politique des accords de Minsk qui ont mis fin en 2018 au conflit entre l'armée ukrainienne et les séparatistes de la région du Dombass soutenus par le Kremlin.

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Accusations réciproques

Les deux dirigeants ont aussi convenu de prochaines consultations sur la cybersécurité. Washington, ainsi que ses alliés européens, accuse Moscou d'orchestrer des cyberattaques d'envergure sur ses infrastructures et entreprises, avec notamment les opérations SolarWinds, Colonial Pipeline et JBS. Le président russe a affirmé mercredi soir que « le plus grand nombre de cyber-attaques dans le monde provient de l'espace américain », critiquant l'absence de coopération en la matière de Washington.

Le Kremlin accuse aussi Washington de s'immiscer dans ses affaires en soutenant l'opposition ou en finançant organisations et médias critiques, conformément à une loi du Sénat américain de 2016 désignant la Russie comme un « ennemi », a affirmé Vladimir Poutine. Il a récusé les accusations selon lesquelles les opposants en Russie sont systématiquement emprisonnés ou empoisonnés en rappelant que les Américains qui ont pris d'assaut le Capitole en janvier dernier sont aussi en prison… Une comparaison que Joe Biden a trouvé « ridicule ». Il a ajouté que les conséquences pour la Russie seraient « dévastatrices » si l'opposant russe Alexeï Navalny, emprisonné, venait à mourir.

Ce sommet de Genève n'entrera pas dans l'Histoire comme son prédécesseur en 1985 : celui-ci avait marqué le début de la fin de la Guerre froide avec le premier face-à-face entre Mikhaïl Gorbatchev et Ronald Reagan. Celui-ci devait tonner deux ans plus tard « tear down this wall, Mister Gorbatchev » à propos du Mur de Berlin, abattu finalement en 1989.

Yves Bourdillon

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