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En Turquie, dix ambassadeurs mobilisés en faveur d'Osman Kavala déclarés «non grata»

En Turquie, les ambassadeurs de dix pays occidentaux qui avaient appelé cette semaine à la libération de l’homme d’affaires et philanthrope Osman Kavala vont être déclarés persona non grata sur ordre de Recep Tayyip Erdogan.

Le philanthrope et militant d'origine parisienne Osman Kavala, 64 ans, est en prison en Turquie sans condamnation depuis 2017.
Le philanthrope et militant d'origine parisienne Osman Kavala, 64 ans, est en prison en Turquie sans condamnation depuis 2017. Handout Anadolu Culture Center/AFP/File
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Le président turc Recep Tayyip Erdogan a annoncé samedi avoir ordonné à son ministère des Affaires étrangères de déclarer persona non grata les ambassadeurs des États-Unis, des Pays-Bas, de France, de Finlande, de  Suède, de Norvège, de Nouvelle-Zélande, du Danemark, du Canada et d'Allemagne, qui vont donc devoir rapatrier leurs représentants en Turquie.

« J'ai ordonné à notre ministre des Affaires étrangères de régler au plus vite la déclaration de ces dix ambassadeurs comme persona non grata », a affirmé le chef de l'État lors d'un déplacement dans le centre de la Turquie, sans toutefois donner une date précise.

« Où croyez-vous être ? Ici, c’est la Turquie, pas un État tribal », a lancé le président turc devant une foule de partisans, rapporte notre correspondante à Istanbul, Anne Andlauer. Avant d’ajouter, toujours à l’adresse des ambassadeurs : « S’ils ne comprennent pas la Turquie, ils vont la quitter. »

Dans une lettre commune, les ambassadeurs de ces dix pays avaient appelé cette semaine à la libération immédiate d'Osman Kavala, devenu bête noire du régime et détenu sans condamnation depuis le 18 octobre 2017. L'éditeur et mécène est accusé d’avoir financé les manifestations antigouvernementales du parc Gezi en 2013 et d’avoir joué un rôle dans le coup d’État manqué de 2016, ce qu'il dément. 

À lire aussi : Turquie: les ambassadeurs de dix pays convoqués après leur soutien à Osman Kavala

Dégradation des relations entre la Turquie et l’Occident

Les organisations de défense des droits de l'homme  y voient un symbole de la répression de toute opposition par le régime du président Recep Tayyip Erdogan.

En décembre 2019, la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) avait ordonné la « libération immédiate » d'Osman Kavala, en vain. L'opposant restera au moins jusqu'au 26 novembre en prison, a décidé début octobre un tribunal d'Istanbul, malgré les menaces européennes de sanctions contre Ankara. Le Conseil de l'Europe a récemment menacé la Turquie de sanctions, qui pourront être adoptées lors de sa prochaine session du 30 novembre au 2 décembre, si l'opposant n'est pas libéré d'ici là.

Parmi les dix pays qui pourraient ne plus avoir d’ambassadeur en Turquie pendant une durée indéterminée, sept sont membres de l’Otan. Autrement dit, en théorie, des alliés de la Turquie. Cela rend les annonces de Recep Tayyip Erdogan d’autant plus spectaculaires, et cela montre à quel point, loin de chercher à apaiser des relations déjà très tendues, le président turc continue d’exploiter ces tensions et le sentiment anti-occidental d’une partie de ses concitoyens. 

Erdogan joue la corde nationaliste

Ainsi, Recep Tayyip Erdogan n’a pas annoncé la nouvelle par des voies diplomatiques, mais sur scène devant une foule de partisans, en direct à la télévision. Tout son discours jouait sur la corde nationaliste.

L’opposition a aussitôt accusé Recep Tayyip Erdogan de chercher à détourner les Turcs de leurs problèmes économiques, notamment l’inflation et le chômage élevés. Au pouvoir depuis 19 ans, le chef de l’État turc assiste à un effritement inédit de sa base électorale qui compromet ses chances de réélection. Le prochain scrutin législatif et présidentiel aura lieu en juin 2023, à moins qu’il ne soit avancé.

Dans la même veine, le chef de l’État turc a menacé plusieurs fois ces derniers jours de mener une nouvelle incursion militaire en Syrie.

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